« Cofarming : plateforme numérique au service des agriculteurs » Anaël Bibard FarmLeap
Gilles Cavalli : Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’Agrifind. Je suis en compagnie d’Anaël Bibard qui est le président et co-fondateur de Farmleap. Alors Anaël, Farmleap. Qu’est-ce que c’est ? Je sais que c’est une start-up mais j’aimerais que vous nous en disiez un petit peu plus.
Anaël Bibard : Farmleap : notez déjà l’explication de ce nom donc « farm » pour l’échange entre exploitations agricoles et « leap » pour la traduction littérale du bond en avant. L’idée est de pouvoir avancer ensemble. Donc, c’est vraiment une plateforme numérique de partage et d’intelligence collective, une plateforme collaborative au service des exploitations agricoles céréalières principalement. Le principe est simple. C’est très proche d’un CETA : centre d’études de techniques agricoles pour partager des données techniques. On saisit les éléments parcellaires, la gestion parcellaire, le suivi de l’intervention et, grâce à la plateforme, on peut avoir une comparaison avec des groupes, des comparaisons en micro data pour savoir quand est-ce que l’on sème, pourquoi on a un meilleur rendement sur tel ou tel type de variétés, ou certains types de sol ou dans telle climatologie. Vraiment, l’enjeu est de partager un micro data avec des petits groupes d’agriculteurs tout en pouvant se comparer à une macro data ce que d’autres appellent le Big Data avec les autres agriculteurs de la plateforme.
Gilles Cavalli : Donc l’idée de partage et d’échanges entre pairs, exploitants céréaliers. Cette idée d’utiliser le numérique, cette idée de CETA numérique, comment vous est-elle venue ?
Anaël Bibard : Cela fait un petit bout de temps que l’idée a germé. A la base, j’ai un brevet de technicien supérieur en agriculture en technologie végétale vraiment appliquée aux céréales. Etant fils de céréalier, c’est une activité qui m’intéressait. J’ai prolongé par une école d’ingénieur avec l’idée de travailler finalement dans le monde agricole vu que je n’ai pas pu m’installer comme agriculteur moi-même. Rapidement je me suis orienté vers l’informatique agricole car je me disais que c’était vraiment un moyen d’apporter des solutions nouvelles aux agriculteurs et de les faire progresser. Après, je me suis orienté vers le conseil et vers une formation supplémentaire parce que j’ai vu que l’on manquait quand même de techniques pratiques d’approche notamment en statistique et valorisation de la donnée. Donc, j’ai fait un MBA avec une spécialisation en finance en même temps que mon travail eu Cerfrance en Isère et j’ai découvert des techniques de valorisation d’entreprise, d’actualisation des flux financiers adaptées au monde agricole. Ce qui changeaient un peu l’approche que l’on avait de valoriser nos entreprises avec notamment les taux d’actualisation que l’on fixait d’une manière pas forcément appropriée et ce grâce à des mathématiques financières qui s’emploient très facilement dans d’autres secteurs d’activité. Je me suis rendu compte que l’on valorisait très peu les données et le volume des données disponibles en agriculture. Un agriculteur génère énormément de données et les partagent avec beaucoup de partenaires mais avait parfois du mal à avoir un retour direct sur la ferme de ce volume de données. J’ai rencontré Yannick Pages, son moto, c’est « le savoir partagé » et on a pu échanger de plus en plus sur cette valorisation des données, cette valorisation du partage de la formation jusqu’à rencontrer notre collègue Maxime Rigo qui nous a aidé à passer au stade de projet et on s’est lancé en début 2016.
Gilles Cavalli : Et concrètement, comment se présente l’interface Farmleap ?
« Farmleap est une plateforme numérique au service de la performance des exploitations céréalières »
Anaël Bibard : Alors Farmleap, comme la plupart des plateformes agricoles, c’est une plateforme Web sur laquelle on se connecte en rentrant ses identifiants. Pour simplifier la vie des utilisateurs, sur la plateforme, on renseigne les éléments y compris le numéro de package et dossier élément PAC et comme cela on importe l’intégralité des contours des îlots et on peut commencer à suivre ses parcelles directement sur la plateforme sans avoir à saisir parcelle par parcelle et après c’est une plateforme « responsive » donc on peut l’utiliser – c’est un mot savant pour dire en fait que c’est la même plateforme que l’on utilise sur tablette, smartphone – donc ce qui permet de suivre les interventions plus facilement avec un aspect différencié si l’on a des salariés par exemple offrir un accès spécial pour les salariés pour qu’ils puissent saisir les interventions planifiées sur les autres parcelles ou sur les autres cultures. On retrouve la météo à la parcelle avec des conseils de pulvérisation. On retrouve le suivi de la pluviométrie donc un peu un suivi de la consommation d’autres parcelles donc un peu une aide très simple mais qui se veut facile d’accès pour suivre l’irrigation et, après, un outil qui nous permet de suivre la fumure et évidemment ces groupes de travail, ces mini CETA donc là où on a un accès en fait aux groupes de travail avec les autres agriculteurs qui ont les mêmes intérêts que nous pour pouvoir partager les données et faire des bilans personnalisés avec les autres agriculteurs.
Gilles Cavalli : Donc une saisie des informations au fur et à mesure et captation des données au fur et à mesure que la saison se déroule et j’imagine assez rapidement la possibilité une fois la moisson faite de pouvoir comparer, analyser, regarder ce qu’il s’est passé et d’avoir des éléments justement de comparaison avec les voisins.
Anaël Bibard : Exactement, avec les voisins ou des exploitants agricoles un peu plus loin qui ont des contextes pédo-climatiques assez proches. Vu que l’on importe la donnée climatique, historique, les données météorologiques historisées sur les parcelles, on peut comparer un peu les situations agronomiques de plusieurs exploitations.
Gilles Cavalli : Justement, cette partie d’échanges, et ce sera ma dernière question, il y a une thématique qui s’impose peu à peu, c’est la thématique du cofarming. Ce serait quoi la définition du cofarming version Farmleap ?
Anaël Bibard : Alors moi, le cofarming déjà j’en ai une première image qui est vraiment l’entraide entre agriculteurs grâce à l’apport des plateformes numériques pour que cela reste au service de ces mêmes agriculteurs. Donc la version Farmleap de ce cofarming, c’est vraiment simplifier l’accès à ces centres d’échanges de techniques agricoles en se basant sur certaines valeurs cardinales :
*l’indépendance, les agriculteurs progressent pour eux-mêmes et leurs collègues,
*la simplicité, il faut que ce soit intuitif, accessible.
*l’ouverture, que l’agriculteur reste propriétaire de sa propre donnée, la récupérer pour l’utiliser sur un autre outil,
*l’éthique, que la donnée reste propriété de l’agriculteur mais aussi que les orientations de la plateforme respectent les valeurs affichées par Farmleap mais aussi les orientations et les souhaits des agriculteurs et que ce soit au service de la performance globale de l’exploitation.
Voilà un peu notre définition du cofarming, du travaillé ensemble et du partagé pour aller plus loin.
Gilles Cavalli : Merci beaucoup Anaël pour cette présentation de cette jeune entreprise dans la nouvelle dimension du cofarming. Je rappelle, Anaël Bibard, président et co-fondateur de Farmleap pour le blog d’Agrifind. Si vous avez apprécié cette interview, n’hésitez pas à la poster sur les réseaux sociaux et à très bientôt pour un nouvel échange avec un autre acteur du monde agricole.
Pour développer vos compétences: Accédez ici à la plateforme Agrifind
Et vous, êtes-vous engagé dans un CETA ? L’aventure du CETA numérique vous tente t’elle ?