Observation et mesure de régulation naturelle des auxiliaires des cultures (Projet ARENA)
Nos connaissances générales des régulations naturelles sont encore très partielles. La régulation naturelle, c’est l’activité des prédateurs et des parasites dans les écosystèmes, qui contribue à la lutte contre les populations d’organismes nuisibles et de vecteurs potentiels de maladies.
De nombreux domaines restent à investiguer : écologie des auxiliaires, relations trophiques, facteurs influençant la présence ou l’activité. De plus, les questionnements méthodologiques persistent sur les manières de les étudier ou encore sur le passage de la quantification de la prédation à la quantification du service rendu (notamment en termes d’effet des régulations naturelles sur les performances technico-économiques des exploitations).
L’objectif global du projet ARENA dont cet article tire ses informations, est d’avoir un maximum d’informations actualisées sur l’intérêt des auxiliaires dans la régulation avec des modèles fiables afin de pouvoir intégrer ces paramètres dans la prise de décision. Nous avons pu assister au colloque de clôture du projet ARENA, disponible sur le site : Arena-auximore.
L’observation des auxiliaires de culture
Voici 3 méthodes d’observation des auxiliaires et leur fonctionnement :
Observations visuelles : 10×10 plantes consécutives. Comptage : pucerons, nombre de plants porteur de pucerons, momies, auxiliaires de grandes tailles.
Aspirations : Aspirateur (25cm de diamètre) 2 aspirations de 2 min avec ponctions de 5 sec. Tri à l’aide d’une loupe binoculaire : pucerons, momies, auxiliaires.
Cuvettes jaunes : Cuvette jaune et liquide savoneux laissés une semaine. Identifications à l’aide de loupes (pucerons, auxiliaires, etc…).
Voici les différents organismes observés lors du projet ARENA : pucerons (35%), araignées (35%), opilions, syrphes, momies de pucerons, hyménoptères parasitoïdes, coccinelles et chrysopes. Les populations de ravageurs et d’auxiliaires observées sont différentes selon la méthode utilisée et le type de culture (par exemple : les pucerons sont très présents dans le maïs et le blé).
Plus les pucerons sont présents, plus les auxiliaires sont nombreux. On observe un pic d’auxiliaires en général une à deux semaines après un pic de pucerons. Les pucerons sont alors peut-être à l’origine mais ce n’est pas pour autant qu’il y a une relation de cause à effet. Aussi, sur le plan biologique, les développements des populations sont parallèles et corrélés.
Par conséquent, les méthodes d’observation sont complémentaires et une seule n’est pas assez représentative d’une population de ravageurs et d’auxiliaires dans une culture. Il faut privilégier les observations visuelles hebdomadaires.
Après les avoir observer, il faut désormais mesurer ces régulations naturelles.
Les mesures des régulations naturelles des parasites ou des prédateurs des cultures
Il faut avoir à l’esprit que les effets des parasitoïdes sont faciles à observer puisque ce sont des spécialistes (ils consomment une seule ou peu d’espèces de proies) tandis que les prédateurs sont souvent généralistes/opportunistes (consomment une diversité de proies) et consomment aussi d’autres auxiliaires. Pour mesurer ces régulations, deux méthodes sont disponibles :
Méthode 1 : la vidéo-surveillance (des cartes de prédation)
La vidéo-surveillance s’effectue à l’aide de caméra ou de smartphone avec grande capacité de stockage qui prend des clichés à intervalle régulier sur une durée donnée. Cette méthode utilise des cartes de prédation servant à recenser les populations de ravageurs dans une culture. Elles peuvent se poser au sol ou dans la végétation et contiennent des appâts : œufs de teigne de la farine, krill, graines d’adventices (vulpin et pensée des champs). Ils sont disposés sur un morceau de papier de verre, lui-même fixé à l’aide de clous ou de piquets, et les appâts sont disposés sur de la colle à bois.