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« Gestion D’exploitation Et Utilisation Des Nouvelles Technologies » Clément Fraigneau

« Gestion d’exploitation et utilisation des nouvelles technologies » Clément Fraigneau

Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle interview d’un acteur du monde agricole. La parole est donnée à Clément Fraigneau.

“Je suis à la fois ingénieur agronome, œnologue, expert foncier et agricole et fondateur d’une entreprise qui s’appelle PERMAGRO, située à Montpellier au sein de l’école d’Agronomie, Montpellier SupAgro.

PERMAGRO, est spécialisée dans l’expertise et le conseil auprès des agriculteurs, notamment sur les aspects administratifs et fonciers. Une des spécificités de l’entreprise est également son travail de gestion clé en main de domaines agricoles, ce qui nous permet d’être très impliqué chez certains de nos clients. Nous ne nous arrêtons donc pas au conseil mais nous avons également une partie opérationnelle.

permagro

Enfin, autre point différenciant, nous développons des nouveaux outils numériques pour l’agriculture, notamment à base de cartographie, pour aider les agriculteurs à mieux gérer leur domaine.

En termes de gestion, quels sont les 3 aspects de la réussite d’un domaine agricole ?

Je dis toujours qu’un agriculteur à 4 casquettes, et que c’est donc le métier le plus difficile du monde : l’agriculteur doit savoir à la fois produire, c’est la base, mais également gérer l’administratif de l’exploitation, manager les salariés ou prestataires, et enfin commercialiser.

Commençons par l’aspect administratif. En France, les agriculteurs passent en moyenne 2 heures par jour sur leurs dossiers administratifs. Les dossiers administratifs sont toujours plus complexes, chronophages et aussi informatisés, avec des outils sur internet trop complexes à utiliser. Ca ne peut plus durer. Beaucoup d’agriculteurs viennent me voir pour les aider dans ce sens : comment leur faire gagner du temps et de l’argent sur des dossiers de subventions (PAC, investissement matériel, plantation de vigne) et des dossiers purement administratifs (je pense notamment aux viticulteurs qui ont un nombre incalculable de déclarations à faire notamment auprès des Douanes). Ces clients, je les aide notamment en déposant avec eux leurs dossiers. Non seulement ils gagnent du temps, mais ils ont en plus la garantie qu’en travaillant avec moi leur dossier sera fiable. Je suis par exemple agréé pour déposer les dossiers PAC, et si jamais il y a une erreur c’est mon assurance qui payera le préjudice (ce qui n’est pour l’instant jamais arrivé).

Autre problème que rencontre beaucoup les agriculteurs, c’est tout le respect de la règlementation : avoir des stockages phytosanitaires aux normes, respecter les conditions de travail des salariés, vérifier que les prestataires sont bien déclarés et à jour de leur cotisations, respecter les zones de non traitements de produits phytosanitaires, respecter les zones environnementales (zones nitrates, zones Natura 2000, etc…,  il y en a une vingtaine), respecter les cahiers des charges de production (AB, agriculture raisonnée,…), respecter les normes d’hygiène quand on commercialise. Les agriculteurs peuvent être en difficulté face à ce millefeuille de règlementation. Ils ont l’impression de passer leur vie à faire des dossiers administratifs et à se mettre à jour de la règlementation. Là aussi, j’aide mes clients agriculteurs à mieux respecter ces contraintes. On met ensemble des procédures, je les tiens au courant des nouveautés et on décide ensemble des investissements nécessaires pour se mettre aux normes. Cela devient un souci en moins pour eux, comme pour le cas des dossiers administratifs sur lesquels je les aide. Ils peuvent se concentrer sur leur vrai métier : produire et commercialiser leur production.

Enfin, troisième problème que j’évoquerai, c’est celui du renouvèlement des générations, de la transmission des exploitations. 160 000 agriculteurs professionnels cesseront leur activité d’ici 2022 et devraient être remplacés par 70 000 nouveaux actifs. Cela fait un déficit de 90 000 agriculteurs Certes nous allons avoir un agrandissement des exploitations, mais la plupart de ces 90 000 ne seront jamais repris ! Ce sont parfois des terres qui seront laissées à l’abandon. Et je rencontre tous les jours des cas d’agriculteurs qui vont partir à la retraite sans succession, notamment des viticulteurs dans des caves coopératives. L’objectif c’est de les aider à anticiper ce départ, de leur faire prendre conscience qu’il faut continuer les investissements notamment les plantations de vigne pour pouvoir transmettre ou vendre un domaine correctement. Ce sont toutes mes compétences d’expert foncier qui interviennent ici, pour aider à la fois les agriculteurs à transmettre leur domaine, mais également aider les jeunes dans la reprise des domaines qui est parfois un parcours du combattant !

Quels apports des nouvelles technologies pour la gestion des exploitations agricoles ?

Effectivement, on observe un essor des nouvelles technologies qui viennent aider les agriculteurs dans leur quotidien. Ce sont des logiciels, des capteurs, des drones,… Mais on observe également qu’il y a un décalage entre les fournisseurs de ces technologies qui sont parfois très pointues, et les agriculteurs qui ne sont parfois pas à l’aise avec ces technologies. Ce sont deux mondes qui ont parfois du mal à communiquer car les agriculteurs ne voient pas le bénéfice direct sur leur exploitation et considèrent certaines technologies comme des gadgets.

gestion d'exploitation

Nous sommes donc là pour faire communiquer ces deux mondes : apporter aux agriculteurs les solutions technologiques qui peuvent répondre à leurs besoins spécifiques. J’ai par exemple eu le cas d’un viticulteur avec des problèmes de bouchage de buses ainsi qu’un mauvais tractoriste ne voyant pas ces problèmes et donc des développements de mildiou. Je lui ai conseillé de mettre en place de nouveaux capteurs qui détectent ces bouchages et qui en même temps font des cartes d’épandages de produits pour connaitre les zones dans les parcelles où il y a eu sous-dosage ou sur dosage de produit. Autre exemple récent : un agriculteur qui souhaitait avoir un suivi de son matériel pour calculer les temps de travaux par parcelle, mais qui ne voulait pas se complexifier la vie avec des logiciels de traçabilité où il doit noter tous les jours ce qu’il a fait. On va donc mettre chez lui en place sur son tracteur un boitier GPS qui va enregistrer la position de son tracteur en continu, et donc déterminer les temps de travaux par parcelle sans qu’il n’est rien à faire.

Il s’agit là d’outils développés par des entreprises de l’agriculture numérique que nous proposons à nos clients. La relation entre ce fournisseur et le client est directe, nous sommes juste là pour former l’agriculteur à ces technologies, et pour qu’il achète seulement celles qui lui seront utiles.

Mais ce n’est pas tout : nous développons en interne un logiciel sur internet qui va permettre à tous les agriculteurs de mieux gérer leurs aspects administratifs, règlementaires et fonciers. C’est une plateforme qui va voir le jour début 2018, et qui va simplifier la vie administrative d’un agriculteur. Quelques minutes par semaine au lieu de quelques heures.

Votre rêve pour les agriculteurs ?

Mon rêve est peut-être banal, mais c’est tout simplement que les agriculteurs puissent vivre de leur travail. Je rencontre tous les jours des agriculteurs qui travaillent énormément et consciencieusement, mais qui ne peuvent pas se sortir un salaire décent à la fin du mois. C’est la première priorité et le sens de mon métier : aider les agriculteurs à pouvoir vivre de leur travail, pérenniser leur entreprise et la transmettre aux enfants.

 

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