AVANT PROPOS
A l’heure où j’écris ces lignes, la pulvérisation de produits phytosanitaires n’est plus vraiment d’actualité – le Covid-19 (coronavirus) a largement pris le devant de la scène et les gens sont maintenant confinés chez eux. Pourtant, encore quelques semaines avant cette crise sanitaire majeure, les produits phytosanitaires étaient encore au cœur de débats engagés, notammentautour de la récente problématique des zones de non-traitement (ZNT) riverains. La colère gronde, les consommateurs s’orientent toujours plus vers des produits sans résidus de traitement et commencent à s’inquiéter du devenir de ces résidus dans l’environnement. La filière a néanmoins largement progressé dans ce domaine, même si certains rechigneront toujours à l’entendre.
Moi-même agronome, j’entends parler de ce sujet de pulvérisation phytosanitaire ad nauseam. C’était un sujet que je maitrisais néanmoins relativement peu. J’avais bien évidemment en tête les plans Ecophyto du gouvernement, et certaines unités de recherche autour de moi pendant ma thèse planchaient sur la qualité de pulvérisation des machines viticoles. Au fond de moi, je désirais bien sûr limiter l’usage de produits phytosanitaires (qui ne le souhaite pas ?) mais je n’arrivais pas à en connaitre réellement les tenants et aboutissants. Je ne savais tout simplement pas où on en était et je ne comprenais pas pourquoi, malgré toutes les mesures mises en place et la pression sociétale croissante, nous n’avions pas réussi à atteindre les objectifs du planEcophyto (50% de réduction de pesticides) qui ne me semblaient pas insurmontables.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, quand j’ai commencé ce travail, je n’ai presque pu trouver aucune étude systémique sur le sujet. J’ai alors décidé d’engager un travail en profondeur. Je me suis concentré sur la filière viticole – non sans être un très grand amateur de vin – simplement parce que la vigne reçoit de très nombreux traitements au cours de la saison de production, notamment fongicides, et que la viticulture reste un des symboles de la gastronomie française.
Ce travail est le fruit d’une synthèse de plus de trente entretiens semi-directifs avec des professionnels de la filière (voir Annexe 1), majoritairement orientés en agro-équipement, Je leur laisse d’ailleurs énormément la parole dans cette synthèse. Je tiens à les remercier encore une fois pour le temps qu’ils ont pu m’accorder. Ces entretiens ont été recoupés et combinés à des sources bibliographiques et des données de terrain pour leur apporter plus de profondeur. Ces témoignages d’expert permettront également de se rendre de compte de l’état de réflexion des professionnels de la filière sur la thématique. Certaines critiques pourront paraitre dures. Loin de moi l’idée de viser des personnes en particulier mais bien plutôt de faire bouger les lignes, et faire réagir. J’espère que cette synthèse permettra aux lecteurs – quels qu’ils soient – d’étayer leur discours, de relativiser, de prendre de la hauteur, et surtout d’agir sur ce sujet, ô combien complexe.