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Interview : Joël Prunier céréalier en Eure-et-Loire

« Pour construire une filière agricole : j’ai fait le lien entre l’agriculture et l’agro-industrie, entre la campagne et la ville » Joël Prunier céréalier en Eure-et-Loire

Gilles Cavalli: Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’Agrifind. C’est Gilles Cavalli et aujourd’hui j’ai le plaisir d’interviewer Joël Prunier qui est agriculteur céréalier, producteur de pommes de terre, scopeur dans le département de l’Eure et Loire. Bonjour Joël. J’aimerais que vous puissiez vous présenter et présenter votre structure.

Joël Prunier : Alors succinctement, parce que j’ai quelques années derrière moi déjà. J’ai plus de 20 ans d’expérience comme agriculteur et accessoirement entrepreneur de travaux agricoles et je travaille pour des collectivités et pour des agriculteurs. Je suis arrivé dans le secteur agricole après une expérience dans la grande distribution alimentaire.

Gilles Cavalli: Le choix de l’interview était lié à votre retour d’expérience et à votre expertise liée aux filières, à l’organisation de filières mais auparavant j’aimerais que vous puissiez nous dire, la réussite d’un agriculteur, pour vous, comment est-ce qu’elle se traduit ?

Joël Prunier : A mon avis, en tant qu’agriculteur, et ma modeste expérience, même si elle est longue c’est une modeste expérience tout de même. Je crois qu’on ne fait bien que ce que l’on aime donc déjà c’est de pouvoir continuer dans cette vie d’agriculteur, d’avoir des choix et d’assumer ces choix et à partir de là, je pense qu’on a un métier formidable qui nous permet d’avoir une grande liberté, si peu qu’on sache là où l’on veut aller. Donc pour moi, la réussite d’un agriculteur c’est ce matin se lever et d’avoir envie d’aller au travail parce que, d’une, on a réussi à avoir le fruit de notre travail, c’est le nerf de la guerre quand même, gagner un petit peu de sous mais je le rappelle se faire plaisir au travail.

Gilles Cavalli: Merci de ce témoignage. Concernant la mise en place de filières. En préparant l’interview vous avez évoqué plusieurs exemples. Est-ce que vous pouvez décrire ce que vous avez réussi à mettre en place, quel rôle vous avez joué ? Et quels sont les facteurs clés de succès de ces éléments liés aux filières ? On vous écoute.

« Le fonctionnement participatif est un bon levier pour la mise en place de filière agricole »

Joël Prunier : En préparant cette interview, cela m’a permis de revenir un petit peu sur mes expériences et d’essayer de détecter les points communs des différentes opérations sur lesquelles j’ai pu intervenir. Donc, dans un premier temps ce que j’exprimerais c’est que j’ai un mode de fonctionnement qui est plutôt un mode de fonctionnement participatif, de partage et donc à partir de là, j’ai souvent privilégié le travail collaboratif. La première expérience que j’ai pu avoir c’est avec deux voisins agriculteur on a constaté qu’on avait un facteur limitant qui est la pluviométrie et donc dans une région du nord de l’Eure et Loire où il n’y avait pas d’irrigation. Tous les trois on s’est mis à chercher de l’eau et de façon étonnante on a trouvé de l’eau. On n’est pas sur la nappe de Beauce mais on a trouvé de l’eau et à partir de là on a pu aller vers d’autres productions. Donc c’est en échangeant avec mes collègues que j’ai pu réussir à trouver cela.

Venant d’un secteur en dehors de l’agriculture, j’avais cette volonté de chercher quels étaient les facteurs limitants. La mise en place de filières, après tout cela on a commencé à faire des pommes de terre, on a aggloméré autour de nous, on est allé chercher des collègues pour faire une CUMA et on a commencé à faire des pommes de terre. De là, si je dis la première filière que j’ai mise en place, je me suis dit pourquoi je n’intéresserai pas d’autres agriculteurs de la région à faire cela et là j’ai privilégié les contacts avec le débouché. Je me suis fait l’interface agriculteur/débouché pour aller chercher des contrats pour pouvoir produire des pommes de terre ou d’autres cultures mais là on s’est plus spécialisé sur les pommes de terre. A partir de là, j’ai créé aussi une filière dans mon ETA pour faire de la plantation et de la récolte de pommes de terre. Donc voilà un premier exemple.

« Trouvez des convergences de points de vues est un passage obligatoire »

Deuxième exemple, je dirais que j’interviens aussi dans des boues de station d’épuration et là clairement, j’étais identifié comme un interlocuteur, je dis toujours entre la ville et la campagne, on a à la fois notre expertise d’agriculteur mais à la fois ce regard par rapport à la collectivité pour pouvoir détecter les besoins des uns et des autres. Alors cela passe au départ par une grande écoute, ce ne sont pas des secrets. C’est une certaine humilité pour pouvoir écouter les uns et les autres et puis essayer de trouver les convergences de points de vue pour pouvoir mettre en place une filière où chacun retrouvera son intérêt.

Gilles Cavalli: Pour des agriculteurs qui seraient confronter à cet enjeu de constituer une filière et de se regrouper soit pour apporter leurs productions soit pour collecter des boues de station d’épuration, ou d’autres éléments et se coordonner, donc j’entends le conseil de l’écoute et de la collaboration. Est-ce qu’il y aurait autre chose qui serait à partager et qui pourrait aider les gens qui sont dans cette problématique ?

Joël Prunier : Nous, de notre côté agriculteur, on a souvent une certaine maîtrise de la production. On est moins habitué, bien que cela évolue beaucoup, à formaliser, à contractualiser. Outre l’écoute, à mon avis, je dirais qu’il faut réussir à formaliser des engagements fermes et s’y tenir et d’autre part ne pas hésiter à contractualiser, à mettre en place des engagements réciproques. Je pense que c’est quelque chose qui est très important pour que les choses puissent durer.

Gilles Cavalli: Très bien. Merci pour ces conseils. Gageons qu’ils soient utiles à d’autres personnes. Pour conclure cette interview, j’aimerais vous entendre sur votre rêve d’agriculteur. Quel est-il ?

Joël Prunier : C’est chaque jour me lever en ayant des envies de créer. J’ai une petite drogue à côté qui est le sport, j’adore pouvoir regarder mes champs tous les matins. J’aime parfois les oublier mais j’aime bien les regarder et regarder les champs des autres c’est apprendre tous les jours. Dans mon rêve d’agriculteur c’est tous les jours pouvoir apprendre quelque chose de nouveau.

Gilles Cavalli: Merci beaucoup. C’est quelque chose effectivement d’enthousiasment cet état d’esprit d’apprendre et d’aller de l’avant. Donc on vient d’écouter Joël Prunier qui est installé en Eure et Loire. C’était Gilles Cavalli pour cette interview pour le blog d’Agrifind. Si vous avez apprécié cet échange, n’hésitez pas à la poster sur les réseaux sociaux et à le faire suivre à la personne à laquelle vous pensez maintenant. Au revoir à tous et à bientôt pour une nouvelle interview.

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Et vous, avez-vous déjà contribué à la création de filière agricole ? Quelles sont les difficultés que vous avez réussies lever ? Vous pouvez témoigner de votre expérience dans les commentaires ci-dessous.

 

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