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« Les organisations proposant du conseil agricole seront les premières et les plus fortement impactées par la révolution numérique » Jean Marie Séronie

Bonjour et Bienvenu dans ce premier podcast du blog AGRIFIND, je suis Gilles Cavalli. Aujourd’hui, je vais interviewer Jean-Marie Séronie, un agroéconomiste.

Gilles Cavalli : Bonjour Mr Séronie !

Jean-Marie Séronie : Bonjour Mr Cavalli !

Gilles Cavalli : Pour ceux qui ne vous connaissent pas – sachant qu’il y a beaucoup d’interview vous concernant en relation avec la sortie de votre livre : « Vers un big bang agricole ? Révolution numérique en agriculture » – est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques mots, s’il vous plaît ?

Jean-Marie Séronie : Je suis de formation ingénieur agronome, il y a déjà longtemps puisque j’ai soixante ans. Il y a une dizaine d’années, je suis devenu expert-comptable. Je m’intéresse à la fois aux questions agricoles et aux questions économiques.

Au cours de ma carrière, j’ai été ingénieur dans la technique, enseignant, puis j’ai travaillé dans la fonction publique en tant qu’ingénieur chef de service dans une direction départementale d’agriculture. J’ai également travaillé en banque où j’ai fait du financement de l’agriculture, et pour finir dans le conseil où j’ai dirigé pendant une vingtaine d’années à CERFRANCE et la veille économique nationale du réseau CERFRANCE.

Autant dire que j’ai faits tout mon parcours dans le domaine de l’agriculture, et dans l’accompagnement aux agriculteurs.

Depuis maintenant deux ans, je suis à mon compte comme agroéconomiste, autrement dit je fais des interventions, du conseil et beaucoup de communication sur ce qui me semble être les perspectives très exaltantes et très positives de l’agriculture française.

Gilles Cavalli : Dans votre dernier ouvrage : « Vers un big bang agricole ? : révolution numérique en agriculture » paru aux Éditions France Agricole, en septembre 2016, vous avez un regard plutôt positif. Un regard tourné vers l’avenir, ces potentialités et ces possibilités qui s’ouvrent au monde agricole.

Vers un big bang agricole révolution numérique en agriculture seronie

Révolution numérique en agriculture

Je souhaiterais aborder avec vous un point qui m’a marqué dans le chapitre intitulé « Conseils et services : muter rapidement ou disparaître » :

Vous dites : « L’univers du conseil et du service pourrait être celui qui connaîtra le plus rapidement un véritable big bang agricole. Ce choc sera source de création et de destruction de valeurs et enclenchera vraisemblablement une recomposition de l’environnement agricole ».

C’est une vision assez forte. Qu’est-ce qui vous a conduit à dire que le conseil et le service muteraient en premier ?

Jean-Marie Séronie : Je pense que la mutation pour les agriculteurs et les organismes aura lieu en même temps. C’est en train de démarrer, c’est vraiment les balbutiements. Par contre, je pense qu’un agriculteur qui n’a pas du tout envie de modifier quoi que ce soit au niveau numérique cela ne lui posera pas de problème. Il continuera à agir comme il le faisait avant. Tout du moins ce sera le cas pour la génération en cours.

Toutefois, les organismes, eux, n’auront pas le choix. Ceux qui n’engageront pas rapidement une mutation pourraient très bien se trouver hors course.

Je pense que parmi l’ensemble des organisations en amont et en aval de l’agriculture, celles qui sont dans le conseil seront, à mon avis, les plus fortement impactées et sans doute les premières. Quand je parle des organisations dans le conseil, je pense à la fois aux organismes publics comme les chambres d’agricultures, mais également aux centres de gestion, ou encore aux coopératives, aux négociants, ou même aux contrôles laitiers. En un mot, tous les distributeurs agricoles.

Je pense qu’il y a deux ou trois grandes raisons pour lesquelles ils vont être directement impactés.

La première raison n’est pas directement liée au numérique dans l’agriculture. En effet, ces organismes-là ont pour particularités de vendre du conseil toutefois ce n’est pas leur unique activité. Généralement, ils vendent le conseil à un prix inférieur au coût de revient parce qu’ils le financent de manière plus ou moins importante par une marge dégagée par d’autres activités.

L’exemple le plus frappant, c’est la distribution agricole qui ne vend pas son conseil et le finance par la marge faite sur les produits vendus et achetés sur les phytosanitaires ou les céréales achetées.

Ceci est un premier exemple. Les chambres de l’agriculture, tout le monde sait bien que même si elles séparent leurs activités consulaires de leurs activités marchandes, une part des activités marchandes sont financées par des subventions et par l’impôt.

Le contrôle de performance, que ce soit le contrôle laitier ou le contrôle de croissance de viande, le conseil est, lui, financé par la mesure de la performance. Donc le conseil n’est pas vendu à son prix normal.

Le monde des centres de gestion qui est celui qui a les prix apparents les plus élevés, ils ont toujours des prix inférieurs au coût de revient puisqu’ils financent leur conseil par la marge dégagée sur la comptabilité. La comptabilité est une activité très rentable puisqu’elle est par définition non concurrentielle.

Une bonne part de l’économie des organismes de conseil est basée sur des activités annexes, qui sont menacées aujourd’hui par le numérique.

La comptabilité dans les centres de gestion sera quasiment automatisée, dans un futur proche. Par conséquent, la compatibilité perdra considérablement de la valeur marchande, notamment avec l’arrivée de nouveaux entrants.

Quant aux chambres de l’agriculture tout le monde sait que l’État leur a fait les poches et que leurs subventions sont en train de baisser.

Concernant, les organismes de contrôle de performance, notamment, les contrôles laitiers, il faut savoir qu’une bonne part de leurs contrôles sont aujourd’hui automatisés ou intégrés, exemple les robots de traite. Les distributeurs vont, eux, voir leur marge baisser notamment par la désintermédiation rendue possible par les plateformes numériques.

Tout ceci va conduire à une augmentation du prix du conseil. Par conséquent, lorsque le prix du conseil sera vendu « à un prix de marché » on verra apparaître de nouveaux opérateurs qui pourront pénétrer le marché. Chose qu’ils ont du mal à faire aujourd’hui puisqu’on est en dessous des coûts de revient.

Et dans ces nouveaux opérateurs, il y aura des conseillers indépendants, des start-up etc.

Gilles Cavalli : Si je comprends bien ce qu’on voit aujourd’hui avec l’arrivée des très jeunes entreprises qui proposent une comptabilité à très bas coût – parce que leurs clients numérisent tous leurs documents  – elle réalise le minimum en matière de compatibilité et ne propose aucun conseil associé.

Si quelqu’un faisait appel à une de ces entreprises, il pourrait certes voir une baisse des coûts de sa compatibilité toutefois s’il souhaite recevoir un conseil approprié ou parler à interlocuteur qui connaît son métier et ses enjeux, ce sera à lui de se tourner vers un autre prestataire.

Jean-Marie Séronie : En effet, il ira chercher ailleurs. D’ailleurs, il y a des offres de compatibilités notamment aux États-Unis qui sont quasiment gratuites.

Un autre phénomène existe dans la compatibilité c’est le partage de données. Par exemple, aujourd’hui, je pourrais très bien faire votre compatibilité gratuitement et en contrepartie vous me laissez utiliser vos données. C’est le modèle Facebook.

On peut en tirer énormément d’informations économiques, des enregistrements comptables tant en terme de marketing que d’étude de marché ou même de sondage. C’est une base de données extrêmement intéressante. Si elle pouvait être valorisée commercialement, elle permettrait de rendre le prix de la comptabilité proche de zéro.

Gilles Cavalli : C’est l’idée que vous exprimez dans votre livre en disant : «si c’est gratuit, c’est que la marchandise c’est vous »

Jean-Marie Séronie : Effectivement, c’est ce que j’expliquais pour Google, et Facebook entre autres.

Je suis persuadé qu’il en sera de même pour la comptabilité même s’il existe un frein évident concernant le partage des données personnelles. Un frein et des sécurités à mettre.

Donc ceci était la première raison pour laquelle je pense qu’il y va y avoir des modifications importantes.

La deuxième raison c’est que le métier du conseil va considérablement évoluer.

Dans ce qu’on appelle le conseil aujourd’hui environ plus de la moitié de l’activité n’est pas du conseil. Il s’agit essentiellement de transfert d’informations.

Par exemple, si je me rends, aujourd’hui, chez un agriculteur, je pourrai lui expliquer la règlementation du contrôle des structures, l’état de la fiscalité ou même la migration de l’azote dans les plantes, mais, demain, l’agriculteur n’en aura plus besoin !

1) Il a un bon niveau de formation,

2) Il tape la question directement sur n’importe quel moteur de recherche et il obtient toutes les réponses…

Ce qui signifie que la partie du conseil qui était du transfert d’informations deviendra totalement obsolète. Les agriculteurs ne paieront plus pour ce type de services puisqu’ils pourront y accéder autrement.

Finalement, le conseil de demain sera le « vrai conseil » c’est-à-dire la posture de l’effet miroir, le fait d’aider le client à se poser les bonnes questions et y apporter les bonnes réponses.

Par ailleurs, l’agriculteur possèdera de plus en plus de données intrinsèques à son exploitation, des données diverses dont des données techniques. Il dira à son conseillé : « Ne viens pas me raconter une vérité générale, viens plutôt tirer des conclusions à partir de mes propres données. »

Ceci est donc la deuxième grande modification.

Le troisième point c’est qu’il y a de nouveaux acteurs qui vont apparaître dans le monde du conseil, notamment à travers le Big Data, et l’internet qui génère des données. En effet, des traqueurs vont émettre des données à la fois sur le serveur de l’agriculteur mais également chez John Deer ou chez d’autres constructeurs. Le robot va ensuite traiter l’information et envoyer les données à Lely, Delaval etc… L’ensemble de ces données centralisées par ces constructeurs va, ainsi, créer de la connaissance qui seront à l’origine de conseils. Par ailleurs, les agriculteurs via les plates-formes seront directement connectés au fournisseur primaire de l’agriculture, aux firmes etc… qui enverront également des préconisations et du conseil.

Et enfin le dernier élément – et ce n’est pas à vous que je vais avoir à convaincre – c’est que les agriculteurs vont être de plus en plus en relation entre eux, via des plates-formes. C’est la notion de CETA numérique. C’est d’après ce que j’ai compris un des fondements de votre plate-forme comme d’autres plateformes qui sont en train d’émerger, d’ailleurs.

Et le dernier élément qui va bousculer tout ceci, ce sont les start-up qui sont des organismes beaucoup plus agiles que les organisations traditionnelles. On dit souvent qu’elles ne connaissent pas le monde agricole mais je pense que c’est absolument faux. D’une part, elles regroupent au sein même de leurs équipes de gens issus du monde de la communication/marketing, du monde du numérique et du monde de l’agriculture. En un mot, ces gens connaissent très bien l’agriculture. D’autre part, elles sont en dehors du système standard. Elles ne sont, donc, pas prisonnières de toutes ces logiques de partage du gâteau ou de tabou entre les grandes organisations.

Gilles Cavalli : Effectivement, en ce qui nous concerne que ce soit mon associé Sébastien Roumegous ou moi-même, tous deux, nous travaillons, depuis qu’on est sortie de l’école, avec et pour les agriculteurs.

Nous souhaitons mettre en place un système afin de favoriser la communication entre tous types d’agriculteurs quelques soit la façon de pratiquer leur métier. Et ceci en rapport avec des questions techniques, des problématiques factuelles et concrètes que les uns et les autres peuvent s’aider à résoudre.

Jean-Marie Séronie : Si on prend tous les gens qui sont dans les capteurs, ce sont en général des agronomes ou des personnes du monde numérique.

Par exemple, si on prend une autre plate-forme en émergence qui est assez parallèle à la votre : FarmLeap, il y a à la fois des professionnels du monde agricole, et de la communication.

Finalement, c’est à peu près toujours le même schéma – en tout cas de ce que j’en connais. Pareil pour la « Ruche qui dit oui ! », beaucoup de personnes de l’informatique et de la communication composent ces équipes. Et maintenant des professionnels du commerce alimentaire ont rejoint l’entreprise.

Gilles Cavalli : Effectivement, c’est un impact plus important pour l’environnement de l’exploitation agricole et de l’agriculture que pour l’agriculteur lui-même si je résume ce que vous venez d’évoquer.

Jean-Marie Séronie : En un mot, l’agriculteur aura le choix alors que les organismes ne l’auront pas.

Gilles Cavalli : Justement concernant les agriculteurs, sans porter de jugement mais juste en observant les comportements qui apparaissent, vous mettez en avant quatre comportements face à cette révolution numérique.

Est-ce que vous pouvez, rapidement les présenter et puis peut-être nous dire le pourcentage que représente chacune de ces catégories ?

Jean-Marie Séronie : Non, je ne peux pas parce que les quatre catégories comme je les vois sont des catégories pensées et à observer. J’imagine que c’est ça qui va se passer. Il est encore trop tôt pour le faire.

Aujourd’hui, on observe les geeks, les fans très présents sur les réseaux sociaux. Ces gens ont trouvé une réalisation, un aspect très fun dans ces démarches. Encore une fois, aujourd’hui nous sommes dans une phase d’émergence, on ne sait pas encore comment va évoluer le comportement économique des acteurs.

A mon sens, il y en a quatre, en fait trois dont une se divise en deux :

Les agriculteurs, à mon avis au départ ce sera la grosse majorité. Ils adopteront un comportement détaché face à l’évolution numérique ; du type: « Ce n’est pas pour moi », « Je n’en ai pas besoin », « Ça me fait peur », « Je n’en suis pas capable », « Ce sont des coûts supplémentaires et je ne me pose pas la question de ce que ça va m’apporter, donc je reste à côté ».

Dans un premier temps cette catégorie sera prédominante.

Les personnes assez à l’aise avec le numérique mais pour lequel le numérique n’aura pas beaucoup d’incidence sur la structure de l’exploitation ou les techniques de production. C’est-à-dire qu’il n’y aura pas par le numérique de données et de connaissances supplémentaires injectées dans la production. Ils vont se servir du numérique uniquement pour communiquer.

Je pense, notamment, à toutes ces exploitations qui sont beaucoup en relation avec le consommateur qui sont intensives en termes de travail et peu en investissement, souvent en périphérie des villes. Ces gens vont beaucoup se servir du numérique pour communiquer mais cela ne va pas impacter l’acte de production.

• La troisième catégorie qui se divise en deux et qui a moyen terme sera la catégorie dominante. Ce sont les personnes pour lesquelles le numérique va véritablement changer leur façon de produire.

La face la plus visible mais qui n’est pas la seule, c’est l’agriculture de précision. Donc ils vont utiliser des capteurs, des données pour orienter et affiner leur décision. En ce sens, ils vont gagner en efficacité économique et environnementale. Mais par contre une bonne partie d’entre eux va déléguer tout cela. Ils ne vont pas s’en servir véritablement par eux-mêmes. Ils vont éventuellement avoir une tablette, ils vont utiliser des OAD, de la matière grise extérieure qui va leur être apporter par les logiciels. Ils vont en grande majorité déléguer, même si le terme est un petit peu abusif c’est pour me faire comprendre. Cette catégorie regroupera probablement les très gros consommateurs des OAD, des instituts techniques, des instituts d’élevage etc.

Et puis enfin, il y a une dernière catégorie qui sont ceux qui vont utiliser ces outils pour gagner en autonomie.

Gilles Cavalli : Effectivement, ce n’est pas seulement le fait de bénéficier mais d’être complètement acteur et manipulateur de toutes ces données de les analyser d’en tirer parti etc.

Jean-Marie Séronie : Tout à fait. Je voudrais simplement ajouter qu’il y a deux autres idées que j’ai exposées dans la postface de mon livre. En effet, je ne pense pas que ce soit la seule évolution de l’agriculture. De mon point de vue, ce n’est pas l’évolution la plus profonde et la plus capitale. Finalement, cette évolution hyper technique de l’agriculture est une voie, qui ne change pas vraiment le rapport à l’agriculture actuelle.

Quand je fais de l’agriculture de précision c’est la même agriculture qu’avant simplement je “suis un peu plus mesuré”.

Il y a une autre grosse évolution de l’agriculture qui est complémentaire, c’est l’approche d’une agriculture plus systémique, plus biologique et moins chimique à laquelle le numérique peut contribuer. Mais c’est un moyen et pas une finalité. Alors que la dimension systémique de l’agriculture devient une finalité. Ceci était la première notion que je pense extrêmement importante.

La deuxième idée, qui est quelque part le contre point du big bang, c’est que cette évolution va être assez profonde et violente dans la durée. Je compare ça à l’arrivée du tracteur au lendemain de la guerre qui a été une révolution absolument phénoménale. C’est l’image que je décris au début du livre avec l’histoire de McCormick puisque cette révolution fondamentale a pris 20 ou 30 ans. On est exactement dans la même configuration.

Gilles Cavalli : En conclusion vous dites : « Bien conduites, les deux transitions – et là vous citez l’agro-écologie et le numérique- seront complémentaires ».

Bien que votre ouvrage soit centré sur le numérique et tout ce que les données peuvent avoir comme intérêt, comme apport ou comme perspectives par rapport à l’agriculture, vous évoquez à plusieurs reprises que l’agronomie, la zootechnique ont eu, ont et auront une importance croissante dans l’approche du vivant. Et c’est vrai que vous n’oubliez absolument pas de mentionner ces aspects-là, même si ce n’est pas l’objet de votre ouvrage.

Jean-Marie Séronie : C’est fondamental. C’est cette question d’évolution : climat, sol, plante, animal, environnement, qui est un élément fondamental de l’agriculture de l’occident.

Gilles Cavalli : Et qui permet d’agir sur le vivant en ayant des informations autres que celles que l’on peut faire par l’observation, en interagissant avec ses pairs, ses clients, ses fournisseurs et le consommateurs final au travers des médias, de vidéo, de photo etc.

Jean-Marie Séronie : En effet, cela va apporter une image agricole plus réelle au consommateur. Avec son smartphone, il pourra voir le steak qu’il achète, observer l’élevage de la vache ou du bœuf ou du tourillon dans les pâtures du massif central ou de plaine. Pour, la bouteille de vin, le vigneron racontera comment elle a été produite. Cela va mettre les choses en relation et permettre une traçabilité plus précise. Ce qui d’un autre côté dérange un peu les agriculteurs puisque l’on parlera plus de traçabilité qu’avant. Tout ceci a un côté à la fois positif mais aussi un peu contraignant.

Gilles Cavalli : Et pour conclure, quelle est la motivation sous-jacente qui vous a amené à écrire ce livre : « Vers un big-bang agricole ? »

Jean-Marie Séronie : Ma motivation est venue du fait de vouloir comprendre et agir, même si aujourd’hui, je ne suis plus directement dans l’action. J’ai longtemps été à la fois dans la réflexion et dans l’action en tant que dirigeant d’une entreprise. Je voulais comprendre l’évolution de l’agriculture au sens large du terme avec ma propre expérience qui est celle du fonctionnement de l’entreprise agricole et des agriculteurs. Cela a été le fil rouge de 90% de ma carrière, puisque j’ai pratiquement tout fait ou presque dans le domaine l’agriculture.

Le premier livre que j’ai écrit il y a deux ans : « L’agriculture française : Une diva à réveiller» traite de l’entreprise agricole. Et le succès de cet ouvrage m’a poussé à approfondir le sujet. Grâce à cela, j’ai réalisé qu’il y avait des gens intéressés par la problématique.

Avant de me pencher sur le sujet, je ne connaissais pas grand-chose au numérique. Pour me perfectionner, j’ai passé beaucoup de temps à rencontrer des start-up et à rencontrer des personnes.

Je voyais bien, avec ma sensibilité de veille, que le numérique était en train de changer beaucoup de chose dans ma vie quotidienne en tant que consultant. Je me suis aperçu que l’évolution était très rapide, par exemple, le big data, on en avait jamais entendu parler, on en avait autorisé un peu il y a un an et demi, deux ans mais on ne connaissait pas le concept global. Lorsque j’ai commencé à écrire, il y a un an, on en parlait pratiquement pas.

Pourtant, j’avais bien senti que l’intelligence artificielle évoluée rapidement par rapport à ce que j’avais connu il y a 20 ans. Je me suis donc dit que cela concernerait directement l’agriculture, et que par conséquent ça valait le coup de se pencher dessus.

Ainsi, j’ai passé de nombreuses heures à décrypter ce monde numérique, à rencontrer des gens, à lire un petit peu parce qu’il y a beaucoup de production sur internet. C’est à ce moment-là que je me suis aperçu qu’il y n’avait actuellement aucun ouvrage qui montrait les perspectives d’avenir. Il y a des ouvrages qui montrent ce qui est en train de se passer, qui décrivent l’aspect fun des outils. Quelques agriculteurs et organismes ont écrit sur l’agriculture de précision, l’agronuméricus et tentent d’analyser ce qui est en train de se passer, aujourd’hui mais à mon sens ils ne sont pas suffisamment dans la projection donc c’est ce que j’ai essaie de faire modestement.

Gilles Cavalli : Merci monsieur Séronie. Votre ouvrage aux éditions France Agricole, « Vers un big bang agricole ? : révolution numérique en agriculture » de l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie.

Si vous avez apprécié cette interview n’hésitez pas à la diffuser autour de vous.

 

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