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5 astuces pour gagner du temps sur son exploitation agricole sans dépenser d’argent

Gilles Cavalli : Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’Agrifind. Aujourd’hui je reçois Sophie Marçot consultante au sein du BTPL (Bureau Technique de la Promotion Laitière) et auteur d’un livre paru aux éditions France Agricole intitulé « J’ai décidé de gagner du temps ». C’est un sujet qui nous intéresse pour la performance et le métier d’agriculteur : gagner du temps sur son exploitation agricole. Alors Sophie, j’aimerais que nous fassions connaissance. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots s’il vous plaît ?

Sophie Marçot : Bonjour, je suis basée à Lyon j’ai 37 ans, cela fait 3 ans que je suis sur la région Auvergne – Rhône-Alpes, avant j’étais 11 ans en Normandie. Je fais de la formation, du conseil et du coaching auprès des agriculteurs, qu’ils soient éleveurs laitiers ou non, dans deux domaines, la gestion technico-économique, et surtout l’humain, l’organisation du travail, les relations humaines, le management, la stratégie, tout ce qui touche les agriculteurs et les agricultrices qui travaillent dans les exploitations.

gagner du temps sur son exploitation agricole Sophie Marçot

Gilles Cavalli : Alors justement, on a envie d’en savoir beaucoup plus, des éléments factuels, concrets, qui permettent de mieux gérer son temps, d’économiser son temps sur une exploitation agricole.

Sophie Marçot : Je focalise beaucoup sur les points qui n’entrainent pas de coûts pour les exploitations, donc c’est plutôt comment gagner du temps sans forcément dépenser beaucoup d’argent parce que sinon effectivement on peut faire de gros investissements, mécanisés, automatisés, mais l’idée c’est d’apporter des points qui permettent de faire gagner du temps en dépensant moins d’argent possible. Pour cela j’ai 5 points.

Gagner du temps sur son exploitation agricole sans dépenser d’argent en 5 points :

1) Identification du problème et de l’objectif

Le premier c’est vraiment celui que j’invite à travailler, c’est identifier le problème et l’objectif. C’est vraiment pour moi quelque chose de très très important, c’est-à-dire que pour un agriculteur qui ne sait pas exactement ce qui lui pose problème et qui ne sait pas exactement quel(s) objectif(s) il veut atteindre ce sera très compliqué de trouver les moyens pour justement gagner du temps ou améliorer le confort du travail. Donc par quoi cela passe ? Cela passe par se poser devant une feuille blanche, cela ne coûte pas plus cher que ça. Identifier quel est mon problème ? Je n’en n’ai pas le temps, mais je n’ai pas le temps de faire quoi ? Je veux gagner du temps, mais je veux gagner du temps pour faire quoi ? Donc c’est vraiment tout simple ça prend une demi-heure, une heure si l’on est à plusieurs associés car cela le permet de le faire à plusieurs. Je reprends toujours cette citation : « un objectif bien défini est à moitié atteint ». Plus on est clair dans l’objectif que l’on veut atteindre, plus ce sera facile d’y arriver. Par exemple, plutôt que de dire je veux gagner du temps, cela peut-être par exemple je veux me libérer deux heures par semaines au bureau pour mieux gérer mon exploitation ou je veux me libérer une après-midi par semaine pour être avec mes enfants et ma famille. Voilà être très clair dans les objectifs, et plus l’objectif sera clair et plus ce sera facile de trouver des moyens de l’atteindre. Donc ça c’est vraiment un premier point très important, pour moi c’est le premier point à aborder quand on veut gagner du temps ou gagner du confort de travail, et ça coûte une page blanche et une heure de temps.

2) Rangement, tri et organisation

Le deuxième point est un point plus de rangement, de tri, d’organisation, je vois beaucoup d’agriculteurs qui cherchent toujours des choses qui cherchent des outils, du matériel, et on se rend compte dans les fermes que plus c’est encombré, plus c’est désorganisé et plus il y a d’endroits de stockages de petits matériels à la fois dans l’atelier, dans le bureau, dans ces lieux un peu stratégiques, plus il y aura de la perte de temps.

« L’organisation du temps de travail passe aussi par le rangement des outils et du matériel »

Mon conseil, ce serait déjà de désencombrer, de jeter ce qu’il faut jeter, de recycler ce qu’il faut recycler, et de se poser la question, est-ce que chaque chose est à sa place ? Est-ce qu’il y a une place pour chaque chose ? Est-ce que l’atelier est loin du bâtiment ? Est-ce que ce ne serait pas judicieux d’avoir une boîte à outil un peu plus opérationnelle pour avoir quelques outils sous la main au plus près de tel ou tel bâtiment ? Est-ce que ce ne serait pas judicieux d’emménager le bureau pour que tous les documents soient au même endroit. Donc cela ne prend pas beaucoup d’argent, c’est une réflexion à faire avec les associés quand on travaille à plusieurs, c’est bien d’intégrer aussi les salariés dans la réflexion, pour qu’ils soient à l’origine des bons choix de stockage de tel ou tel petits matériels, des outils des choses comme ça. Cela nécessite juste un peu de temps pour justement remettre tout à plat, et bien ranger, bien trier, bien organiser le matériel du quotidien.

Mieux gérer son temps sur son exploitation agricole

3) L’écrit comme support efficace d’enregistrement et de communication

Alors le troisième point, j’encourage beaucoup les agriculteurs à écrire. Je vois beaucoup d’agriculteurs qui ont la tête encombrée de choses à penser, à se souvenir, il faut que je me souvienne que mon associé a pris un rendez-vous demain à 10 heures, il faut que je me souvienne de réparer l’abreuvoir. J’incite donc beaucoup les agriculteurs à écrire. Ecrire la liste de choses à faire en priorisant, cela est très important. Rassembler par exemple les numéros utiles, les numéros MSA, le numéro SIRET, package, tous ces numéros là qu’on utilise assez fréquemment, les rassembler à un endroit. C’est souvent qu’un seul agriculteur et souvent une agricultrice qui sait où sont ces numéros-là, et les autres ne le savent pas. Donc voilà gagner du temps c’est aussi faire en sorte que tout le monde sache trouver le bon numéro, au bon moment et en moins de temps possible. C’est écrire aussi les consignes aux salariés, donc là il y a beaucoup de choses à faire pour que la prise de consigne soit vraiment facilitée par l’écrit. Ecrire des procédures, il y a beaucoup de choses que l’on peut écrire pour désencombrer le cerveau, pour qu’il soit plutôt prêt à réfléchir, plutôt qu’à être utilisé comme pense bête.

L’objectif est donc la sérénité en cas d’absence, une absence au dernier moment, si l’on est absent et que rien n’est écrit et qu’il n’y a que moi qui suis au courant des procédures et bien cela va poser problèmes donc là c’est un objectif très important. Un objectif d’efficacité au travail, un objectif de qualité du travail aussi. Et là en termes d’investissement, cela prend un petit peu de temps bien sûr parce qu’il faut toujours prendre du temps pour en gagner. Mais il n’y a pas d’investissement matériel énorme. Ce sont des vieux calendriers, du rouleau papier blanc effaçable à sec avec des stylos.

« La communication est essentielle ! »

4) Communication interpersonnelle

Le quatrième point pour moi c’est la communication. Je vois beaucoup d’agriculteurs qui perdent du temps parce qu’ils ne se disent pas les choses, forcément, parce qu’ils ne savent pas comment les dire, ou parce qu’il y a beaucoup de non-dits. Donc apprendre à communiquer, apprendre à se dire les choses. Donc cela s’apprend, ce n’est pas inné, la communication entre deux personnes. C’est un point où il y a aussi un gain de temps énorme, et là pour le coup l’investissement est de zéro. Eventuellement une formation à la communication sinon c’est juste apprendre à se parler et à s’écouter surtout, et l’impact est très important. Les agriculteurs qui en sont conscients voient vraiment une amélioration.

5) Prise de recul sur son métier

Et puis le cinquième point, la prise de recul parce que quand on a la tête dans le guidon, et que l’on a le sentiment que rien ne va et bien l’on ne trouve pas de moyen de gagner du temps. Donc c’est prendre du recul pour soi, prendre du temps pour soi, prendre du recul par rapport à son exploitation, aller visiter des fermes, aller visiter les collègues dans l’environnement proche mais aussi un peu plus loin, et puis surtout s’entourer de gens motivés parce que prendre du recul avec des gens pessimistes autour ce n’est pas facile et ça ne permet pas forcément de gagner beaucoup de temps. Voilà les cinq points que j’ai sortis qui permettent de gagner du temps sans forcément dépenser beaucoup d’argents.

Gilles Cavalli : Merci, et merci surtout d’avoir illustré chacun de ces points avec un exemple précis, dans lequel je pense que nombreux se reconnaissent : ont déjà expérimentés ou ont déjà mis quelque chose en place ou vont le faire suite à l’écoute de cet échange. Pour conclure j’aimerais vous entendre, Sophie, sur votre rêve pour les agriculteurs ou pour le monde agricole.

« Rêver et s’approprier leur avenir : voilà ce que je souhaite pour les agriculteurs »

Sophie Marceau : Ce n’est pas facile comme question ! Ce que j’aimerais pour les agriculteurs, c’est qu’eux même s’autorisent à rêver. Souvent je pose des questions aux agriculteurs, vous avez envie d’être où dans dix ans ? et puis on me répond : « je ne sais pas ça ne dépend pas de moi ». Donc je rêverais qu’ils s’approprient leur avenir et qu’ils fassent le point sur où est-ce qu’ils ont envie d’être. Parfois les agriculteurs sont beaucoup dans les habitudes, on a toujours fait comme ça. La pression de l’extérieur, la conjoncture qui est difficile, les situations inconfortables qui persistent et ils ne s’autorisent pas forcément à rêver à imaginer que les choses peuvent être différentes. D’où l’importance de ne pas rester seul avec ses habitudes, et de s’ouvrir à d’autres parce qu’il y en a d’autres qui ont fait le pas et qui ont trouvés des solutions pour gagner du temps et pour être mieux dans leurs bottes. Je rêverais qu’ils puissent tous s’autoriser à rêver et qu’ils transforment leurs rêves en objectifs concrets et en plans d’action.

J'ai décidé de gagner du temps Ed France Agricole

Gilles Cavalli : Et en réalité ! Merci beaucoup Sophie Marçot, je rappel Sophie est auteur d’un livre aux éditions France Agricole : « J’ai décidé de gagner du temps » et elle est tout à fait apte et à même de vous aider à en gagner par son travail de conseil direct auprès de vous.C’était Gilles Cavalli pour le blog d’Agrifind et à très bientôt pour un nouvel échange avec un acteur du monde agricole. Au revoir à tous !

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Crédit photo : Sophie Marçot (linked in)/ Pixabay

Et vous, avez-vous mis en œuvre des actions, une organisation qui vous permet de gagner du temps ? Quelles sont vos techniques pour y arriver ? Vous pouvez témoigner ci-après.

 

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